jeudi 16 septembre 2010

L’exposition Murakami ou quand la Japan expo s’invite à Versailles

Autre artiste et autre polémique, c’est cette année au tour de l’artiste japonais Takashi Murakami de s’inviter au château du roi Soleil et de provoquer le courroux des gardiens du temple versaillais.
Décidément, Versailles ne semble pas le lieu le plus accueillant pour l’art moderne tant les expositions qui s’y sont déroulées ces dernières années (celles de Jeff Koons et de Xavier Veilhan) ont suscité la polémique.

Que reproche-t-on cette fois-ci à l’artiste japonais, qui figure au pinacle des 5 artistes les plus chers du monde ?

Il suffit de lire quelques articles à ce sujet pour comprendre les motifs de l’indignation que soulève cette exposition : le manga investit Versailles. Une juxtaposition « contre-nature » entre une culture jugée « populaire » (et qui fait encore l’objet de dénigrements constants) et une culture « légitime », « académique ».

Pourtant, il suffit de lire l’interview de l’artiste parue il y’a quelques mois pour appréhender la cohérence de son projet artistique. On apprend ainsi (ce qui d‘ailleurs pourrait choquer les âmes culturelles les plus sensibles) que Murakami a découvert l’existence de Versailles, comme beaucoup de Japonais visiblement, à travers un manga, la Rose de Versailles, paru dans les années 1970 et plus connu en France sous le nom de Lady Oscar. Bref, un manga Shojo, sentimental et larmoyant, narrant l’amour impossible entre deux individus de classes différentes (et oui une noble ne se marrie pas avec un roturier du Tiers-Etat). On comprend ainsi que l’artiste a projeté de recréer l’image fantasmée de Versailles et de proposer un « Versailles vu du Soleil Levant ».

L’intention est louable et intéressante mais suffit-elle à convaincre les visiteurs ?
La problématique qui semble la plus importante, et qui a notamment été abordée par Sébastien Le Fol, critique d’arts pour Le Figaro, est celle de la cohabitation, de la rencontre entre deux univers. Les œuvres de Murakami se marient-elles habilement avec ce haut-lieu de la culture française, ou au contraire, la cohabitation est-elle celle d’un couple qui se boude ? Que penser de ce Versailles onirique ?

Il semble un peu excessif de considérer que les œuvres de Murakami n’apportent rien au lieu. L’exposition s’apparente à un « détournement » de symboles qui participe à sa désacralisation. La statue « Kakai et Kiki » met en scène un garde fantaisiste et improbable, dont la physionomie exubérante réjouit le visiteur. C’est là le point fort de cette exposition : un effet comique, une ironie qui égaye une visite et un parcours balisés. L’exposition est certes « sympathique » mais le rêve évanescent Murakami ne laissera sûrement que quelques sensations colorées dans la mémoire des visiteurs.


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